L'Algérie française reconstituée : L’Empire du Nord-Sud et l’impact de la Guerre des Sables[]
L’indépendance de l'Algérie en 1962, après plus de 130 ans de colonisation française, marque un tournant majeur dans l’histoire de la région. Cependant, l’histoire de l’Algérie post-coloniale prend une tournure inattendue lorsqu'un nouvel ordre géopolitique se met en place : l’Algérie française reconstituée. Cette reconfiguration de l'Algérie, issue de la guerre des Sables et de l’intervention militaire française, donne naissance à une version alternative du pays, redessinée par les anciens colonisateurs.
La guerre des Sables : Le Maroc attaque et modifie l’équilibre[]
En octobre 1962, après l'indépendance de l'Algérie, la guerre des Sables éclate entre le Maroc et l'Algérie nouvellement indépendante. Le Maroc, sous la direction de Hassan II, revendique les régions sahariennes d'Algérie, notamment Tindouf et Béchar, en s'appuyant sur des liens historiques remontant à la dynastie chérifienne. Alors que l’Algérie se bat pour stabiliser son gouvernement, le Maroc attaque et envahit ces territoires, profitant de la faiblesse de l’État algérien, encore déstabilisé par les récents événements de décolonisation.
La France, en tant qu’ancienne puissance coloniale et en raison de ses intérêts stratégiques dans la région, intervient dans le conflit en soutenant le Maroc. Ce soutien, bien que discret, marque la reprise de l’influence française en Algérie, cette fois au détriment du nouveau gouvernement algérien, dirigé par le Front de Libération Nationale (FLN). La France assure une aide militaire et logistique importante, ce qui permet au Maroc de solidifier sa prise sur les territoires du Sud-Ouest algérien. Le Maroc, grâce à cette alliance, renforce sa position sur la scène régionale.
La France revient en Algérie : Le retour de l’OAS et la réorganisation de l’Algérie française[]
Après l’attaque marocaine, l’Algérie devient une zone de contestation et de fracture interne. Le FLN, incapable de résister à la pression marocaine, se retrouve divisé et affaibli. C’est dans ce contexte chaotique qu’un groupe d’anciens partisans de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), l’organisation paramilitaire française d’extrême droite, trouve un terrain propice à la réactivation de ses projets. L’OAS, dont l’objectif était de maintenir l’Algérie sous contrôle français lors de l’indépendance, réussit à reprendre le pouvoir dans plusieurs régions, notamment à Alger et Oran.
En 1963, l’Algérie se retrouve ainsi divisée entre les partisans du FLN, les factions de l’OAS soutenues par la France, et les forces marocaines, solidement établies dans les régions sahariennes. Cette guerre interne permet à la France de reprendre son emprise sur l’Algérie sous une forme différente. Les gouvernements français successifs, bien que discrètement présents, maintiennent un contrôle militaire et économique, renforçant la présence française dans l’exploitation des ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz du Sahara.
La réorganisation du territoire : l'Algérie française reconstituée[]
Avec l’aide de la France, l’Algérie connaît une réorganisation géopolitique, redessinant ses frontières de manière à inclure des zones stratégiques sous domination française. Le pays est officiellement proclamé "Algérie française reconstituée", marquant ainsi la restauration d’une colonie sous une forme différente. L’Algérie est désormais gouvernée par un gouvernement dirigé par un mélange d'anciens colonisateurs français et de loyalistes de l'OAS, tandis que des bases militaires françaises sont établies sur tout le territoire.
Le Sahara, en particulier, devient un point central de cette réorganisation. En raison de sa richesse en ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz, la France et le Maroc investissent massivement dans l’exploitation des terres sahariennes. La France installe des infrastructures modernes pour renforcer le contrôle de la région, créant des bases militaires et des centres d'exploitation minière. L’Algérie française reconstituée devient ainsi une colonie économique au service des intérêts français et marocains, mais elle n’en demeure pas moins un territoire d’affrontement politique, avec une résistance grandissante au sein des populations locales.
La guerre civile algérienne : répressions et insurrections[]
Sous le régime de l’Algérie française reconstituée, les révoltes populaires se multiplient. Le FLN, ayant survécu à l’exil et à la guerre interne, maintient une résistance active dans le pays. Les populations algériennes, marquées par la guerre et le colonialisme, mènent des insurrections régulières contre l'occupation franco-marocaine. Des mouvements de guérilla apparaissent dans les montagnes de Kabylie, dans les régions du Tell, et au cœur du Sahara.

Carte de l'Algérie française
Cette guerre civile, exacerbée par des divisions internes au sein du gouvernement algérien, dure plusieurs décennies. Les rebelles, qui incluent des éléments du FLN ainsi que des groupes islamistes, s’opposent vigoureusement à la présence militaire française et à la domination marocaine. Le régime de l’Algérie française reconstituée fait face à une répression brutale, les forces françaises menant des opérations militaires pour écraser les résistants. En parallèle, la population saharienne subit des déplacements massifs, les autorités françaises cherchant à éradiquer toute forme de résistance organisée.
L’Algérie française reconstituée dans les années 1970-1980 : une société fragmentée[]
Dans les années 1970 et 1980, l’Algérie française reconstituée est une société fragmentée. D’un côté, les élites politiques et économiques françaises, appuyées par un gouvernement loyaliste, bénéficient d’un accès privilégié aux ressources naturelles. De l’autre côté, les populations algériennes souffrent de l’oppression coloniale renforcée. Les tensions sociales s’intensifient et, malgré les efforts de modernisation dans certaines régions urbaines, le pays demeure largement marqué par des inégalités économiques et sociales profondes.
Le gouvernement français met en place des réformes superficielles visant à apaiser les tensions, mais celles-ci sont jugées insuffisantes par les mouvements de résistance. Le sentiment nationaliste algérien reste fort, et la population, en particulier dans les régions du Sud et les zones sahariennes, se bat pour retrouver une identité propre, libérée de l’influence française et marocaine.

Départements francais en Algérie dan un plan de "Grande Algérie"
Au début des années 1980, l'Algérie française reconstituée connaît une nouvelle évolution administrative avec la mise en place de la départementalisation. Inspirée du modèle français, cette réforme vise à instaurer une organisation territoriale plus centralisée et intégrée, permettant une gestion plus directe et efficace du pays par les autorités françaises.
Une réforme administrativement poussée par la France[]
La départementalisation, qui avait été mise en place en 1848 en métropole pour les départements d’outre-mer, est étendue à l’Algérie reconstituée dans un contexte où la France cherche à renforcer son contrôle sur le territoire et à apaiser les tensions internes. Le pays est divisé en plusieurs départements administratifs, chacun placé sous l'autorité d'un préfet français. Ces départements sont répartis entre les régions du nord et du sud, mais la réforme se concentre particulièrement sur les zones stratégiques comme Alger, Oran, Constantine, et les régions du Sahara, désormais partagées entre la France et le Maroc.
Objectifs de la départementalisation : renforcer le contrôle français[]
L'un des principaux objectifs de la départementalisation est d’assimiler davantage l’Algérie reconstituée dans l’administration impériale française. En transformant les anciennes provinces algériennes en départements à part entière, la France entend donner l'illusion d’une gestion locale tout en maintenant un contrôle direct. Chaque département est conçu pour faciliter la gouvernance par l'élite française et rendre la résistance des populations algériennes plus difficile. Les autorités locales, composées en grande partie de fonctionnaires français et de collabos locaux, supervisent directement la gestion des ressources naturelles, en particulier dans le secteur pétrolier et gazier, tout en maintenant un système de sécurité rigide pour contrer les révoltes.
Une tentative de stabilisation face à la résistance[]
Cette départementalisation est également une tentative de stabiliser le pays face à la montée des tensions et des insurrections. En effet, bien que la France ait un contrôle militaire et économique sur les régions du Sahara et des villes du nord, la guerre civile algérienne, alimentée par des groupes nationalistes et islamistes, reste un défi majeur. Les réformes administratives visent donc à réduire les fractures sociales, notamment entre les communautés locales et les autorités françaises, en installant des structures de gouvernance « locales » qui relèvent néanmoins d’un pouvoir centralisé à Paris.
Mais la départementalisation n’est pas perçue positivement par toutes les factions algériennes. Les partisans du FLN et d'autres groupes nationalistes considèrent cette réforme comme un moyen supplémentaire d’annexer l’Algérie et de dissoudre son identité nationale. Pour eux, la départementalisation symbolise la prolongation de la domination coloniale, masquée sous une façade administrative.
L’impact sur l’évolution géopolitique et économique[]
Au fil des décennies, la départementalisation contribue à maintenir une certaine stabilité dans les régions les plus urbanisées et industrialisées, comme Alger et Oran, mais elle renforce aussi la marginalisation des régions rurales et sahariennes, où la résistance est la plus forte. Dans le même temps, cette réforme permet à la France de continuer à exploiter les ressources stratégiques de l’Algérie reconstituée, en particulier dans le domaine énergétique. Les départements sahariens deviennent des plaques tournantes pour l’extraction et le transport des hydrocarbures, avec une présence militaire française renforcée pour sécuriser les installations et les pipelines.
En parallèle, l’économie de l’Algérie française reconstituée reste profondément dépendante de l’exploitation des ressources naturelles, et les investissements français dans les infrastructures, comme les routes et les installations pétrolières, continuent de drainer les richesses locales vers la métropole. Les populations locales, quant à elles, vivent dans des conditions précaires, ne bénéficiant que rarement des retombées économiques de l’exploitation de leurs propres terres.
Une départementalisation contestée et l’héritage de l’Algérie française reconstituée[]
Alors que la départementalisation devient un symbole de l’occupation française, elle entraîne également des effets paradoxaux. D'un côté, elle renforce l’emprise de la France sur l’Algérie française reconstituée, mais de l'autre, elle permet aux nationalistes algériens de conserver un combat pour la décolonisation, cette fois contre une France devenue plus subtile et administrative dans son contrôle. La résistance continue d’éclater sporadiquement à travers le pays, et dans les années 1990, des soulèvements dans les départements sahariens deviennent de plus en plus fréquents, avec des revendications pour l'indépendance totale de l'Algérie française reconstituée.
Ainsi, la départementalisation, loin d’apaiser les tensions, devient un nouveau terrain de lutte pour les Algériens, tandis que la France tente de maintenir son emprise sur l'Algérie reconstituée. Cette réforme administrative n’est donc pas la fin d’un conflit, mais un prolongement d’un processus de résistance et de colonisation qui façonne l’avenir de l’Algérie, jusque dans les années 2000, où des mouvements nationalistes cherchent à faire éclater l’unité du pays. La départementalisation, dans ce contexte, apparaît comme un acte de soumission, mais aussi comme un catalyseur de conflits futurs qui vont marquer l’histoire contemporaine de l’Algérie