
Drapeau proposé mais jamais adopté par le Gouvernement d'occupation américaine en France
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France ne retrouve pas immédiatement son indépendance politique. Sous l’impulsion de Franklin D. Roosevelt, un Gouvernement militaire allié de la France (GMAF) est mis en place, plaçant le pays sous une administration quasi directe des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Cette occupation marque un tournant majeur dans l’histoire de la France, profondément divisée entre collaboration avec les forces d’occupation et résistance nationaliste, notamment sous l’impulsion de Charles de Gaulle.
I. La rivalité entre Roosevelt et de Gaulle et la mise en place du Gouvernement militaire allié de la France (1945-1946)[]
1. La haine de Roosevelt envers de Gaulle et la mise en place du GMAF[]

Le président Roosevelt
Depuis le début de la guerre, Roosevelt nourrit une profonde aversion envers de Gaulle, qu’il considère comme un autocrate arrogant et un obstacle à la reconstruction de la France sous contrôle allié. L’Américain privilégie Henri Giraud, qu’il voit comme un militaire plus docile et malléable. Lorsque Paris est libérée en août 1944, Roosevelt refuse de reconnaître le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) de de Gaulle, considérant que la France n’a pas suffisamment contribué à sa propre libération.
Roosevelt convainc alors Winston Churchill, qui malgré son respect pour de Gaulle, accepte à contrecœur le démantèlement des institutions françaises et la mise sous tutelle du pays. La France devient officiellement un territoire occupé par les forces alliées en 1945, administré par le Gouvernement militaire allié de la France (GMAF), dirigé par le général américain Dwight D. Eisenhower, assisté de conseillers britanniques et américains.
2. L’exil de de Gaulle à Londres et son virage idéologique[]
Furieux de voir la France occupée par ses propres alliés, de Gaulle refuse de reconnaître le GMAF et s’exile à Londres en avril 1945, où il continue son combat politique. Dépité par l’abandon de la France aux Américains, il commence à évoluer idéologiquement, s’éloignant de son conservatisme d’origine et se rapprochant d’idées socialistes voire communistes. Il condamne avec virulence le Plan Marshall, qu’il qualifie de colonisation économique des États-Unis sur l’Europe, et devient un symbole de la résistance anti-impérialiste.
Son influence reste cependant limitée en France, où la répression américaine empêche tout mouvement gaulliste de s’organiser. Les Américains mettent en place une censure stricte, interdisant toute propagande pro-gaulliste dans la presse et arrêtant les partisans de l’ancien chef de la France libre.
II. L’administration du Gouvernement militaire allié de la France (1946-1950)[]
1. Le découpage régional et l’administration militaire[]
Le GMAF restructure profondément la France. Les anciennes régions sont remaniées en zones militaires, chacune administrée par un gouverneur américain ou britannique. Parmi les principales réformes :
- Paris et sa région deviennent une "zone spéciale", administrée directement par les Américains pour éviter toute résurgence d’un pouvoir centralisé.
- Le Nord et l’Est de la France, historiquement industrialisés, sont fortement surveillés, les Américains y installant des bases militaires pour contrer une éventuelle expansion soviétique.
- Le Sud-Est, notamment la Provence et la Côte d’Azur, est transformé en hub économique et touristique sous contrôle britannique, favorisant les investissements anglo-saxons.
- L’Ouest et le Sud-Ouest, plus agricoles, bénéficient de subventions américaines pour moderniser l’agriculture, créant une forte dépendance envers l’économie américaine.
Le GMAF instaure également une démocratie limitée, où les partis politiques sont autorisés à fonctionner mais sous surveillance stricte. Les communistes français, très influents dans la Résistance, sont particulièrement réprimés, et des unités militaires américaines traquent les résistants communistes qui refusent la domination américaine.
2. La création de la République de Wallonie et les tensions en France[]
En 1947, les Américains soutiennent la proclamation de la République de Wallonie, détachée de la Belgique, attachée à des régions françaises, et placée sous influence occidentale. Cette décision scandalise une partie des Français, qui y voient une ingérence impérialiste et une menace pour l’équilibre européen. Des révoltes éclatent dans plusieurs villes françaises, notamment à Lille et Lyon, où des manifestations anti-américaines sont réprimées par l’armée américaine.
Face à cette instabilité, Washington promet des élections en France pour 1949, tout en renforçant la surveillance sur les mouvements contestataires.
III. La fin du GMAF et la naissance d’une Quatrième République sous influence américaine (1950-1958)[]
1. L’élection manipulée de Giraud et l’indépendance des colonies[]

Henri Giraud, premier président de la Quatrième République Française
En 1949, des élections sont organisées sous surveillance américaine. Grâce à un soutien logistique et politique massif des États-Unis, Henri Giraud est élu président de la nouvelle Quatrième République française en 1950. Pro-américain et farouchement anticommuniste, il accepte d’aligner la France sur les politiques américaines, notamment dans la guerre froide.
Sous pression des États-Unis, la France accorde rapidement l’indépendance à ses colonies, mais dans des conditions favorables aux intérêts américains. L’Indochine, l’Afrique occidentale et le Maghreb deviennent des États pro-occidentaux, avec des régimes souvent soutenus par Washington pour éviter toute infiltration soviétique.
Cependant, Giraud commence à prendre ses distances avec les Américains vers 1950-1951, cherchant à restaurer une certaine autonomie politique française. Cela lui vaut une opposition croissante de Washington, qui favorise alors d’autres candidats pour les élections de 1951. Giraud perd le pouvoir au profit de politiciens plus dociles, et la France reste sous une forte influence américaine pendant toute la décennie 1950.
2. L’émergence d’un nationalisme français et l’élection de de Gaulle en 1958[]
Durant les années 1950, plusieurs présidents se succèdent, mais tous restent des pantins des États-Unis, appliquant des politiques économiques et militaires dictées par Washington. Cette soumission grandit le mécontentement populaire, et un mouvement nationaliste transpartisan se développe.
En 1958, Charles de Gaulle, après plus d’une décennie en exil, revient sur la scène politique. Fatiguée de l’alignement systématique sur les États-Unis, une grande partie de la population le soutient. Il est élu président avec un programme prônant une rupture avec la domination américaine et la restauration d’une politique indépendante pour la France.
À partir de 1958, l’influence américaine en France s’effondre, et de Gaulle entreprend une politique d’indépendance nationale, marquée par :
- Le retrait progressif des bases américaines en France.
- Un rapprochement avec d’autres puissances européennes pour contrer la domination américaine.
- Le développement d’un programme nucléaire indépendant, afin de garantir la souveraineté militaire française.
Avec l’élection de de Gaulle, la France retrouve enfin son autonomie, mettant fin à plus d’une décennie de domination américaine. Cette période marque également la fin du Gouvernement militaire allié de la France dans les mémoires collectives, souvent perçu comme une trahison de la souveraineté nationale.