Dans cette uchronie, la Commune de Paris, loin d'être écrasée par l'armée versaillaise, réussit à s'imposer face à la violence de la répression. Mais ce n'est pas seulement Paris qui survit : une série de soulèvements et de mouvements populaires dans plusieurs grandes villes françaises donnent naissance à une nouvelle forme de république socialiste, la Confédération socialiste des Communes, un État qui, bien que fragile et décentralisé, incarne les idéaux du marxisme. Le 18 mars 1871, après la défaite de l'armée versaillaise et la capitulation du gouvernement central, les insurgés parisiens parviennent à repousser l'armée ennemie et, à la surprise générale, établissent une république socialiste qui se diffuse dans d'autres régions de France.
Histoire[]
Une Confédération naissante : la victoire de Paris et l'écho des Communes[]

Premier drapeau de la Commune de Paris
Malgré la dureté de la répression initiale à Paris, un vent de solidarité ouvrière souffle à travers le pays. Les villes comme Lyon, Saint-Étienne, le Creusot, Marseille, Narbonne et Toulouse, déjà imprégnées des idéaux socialistes, se soulèvent à leur tour, formant un arc de résistance dans toute la France. Ces communes, très différentes dans leur organisation, se fédèrent peu à peu autour d'un modèle socialiste marxiste.
Le projet marxiste est incarné par un idéal de justice sociale, de suppression des hiérarchies économiques et de fin de l’exploitation capitaliste. Le marxisme se développe au sein de ces communes avec le soutien de militants éclairés et de figures charismatiques issues des classes ouvrières, mais aussi de l'intelligentsia socialiste. C’est un moment d'effervescence révolutionnaire où chaque ville prend son autonomie tout en reconnaissant une autorité centralisée symbolique qui coordonne les réformes sociales et économiques.
Paris devient le cœur politique et théorique de la Confédération. La création d’une économie collectiviste, la suppression de la monnaie, l’abolition de la propriété privée et l’introduction du travail pour tous sous forme de coopératives ouvrières définissent ce projet socialiste radical. Le concept même de la famille est réinventé, et les femmes, comme les hommes, obtiennent une place égale dans la société, avec un droit de vote universel et un accès aux mêmes conditions de travail et de formation.
La religion, perçue comme un instrument de domination et d’oppression par les marxistes, est bannie. Les temples et églises sont transformés en centres communautaires ou en lieux d’éducation populaire. La laïcité totale s’impose, l'État devenant un acteur de contrôle des pratiques religieuses, dans une volonté de réaliser un monde purement matérialiste et anticlérical.
Les premières tensions avec la Troisième République et l’Europe[]

Carte de la Confederation socialiste des Communes
La naissance de la Confédération socialiste des Communes ne passe pas inaperçue. La Troisième République, bien que fragilisée après la défaite face à la Prusse, lutte pour conserver son pouvoir face à cette nouvelle forme d'État. En 1879, la tension entre les Communes et le gouvernement républicain monte, l'Europe monarchique, de l’Empire Allemand à l'Empire Austro-Hongrois, observant avec méfiance cette révolution qui pourrait déclencher une vague de soulèvements sociaux à travers le continent. La Confédération devient un symbole de la lutte ouvrière et des idéaux révolutionnaires, un modèle que les travailleurs de toute l’Europe cherchent à imiter.
Cependant, les premières années sont marquées par une guerre de faible intensité. La Troisième République, incapable de reprendre les grandes villes comme Paris et Lyon, perd progressivement le contrôle de son territoire, mais l’isolement géographique des Communes les rend vulnérables. L’idée même d’un État socialiste dans une Europe monarchique inquiète les puissances impérialistes, qui exercent une pression diplomatique et économique intense sur la Confédération.
Le marxisme, en tant que système économique, reste un chantier inachevé et fragile, mais sa structure s’étend progressivement à la fin des années 1880. Malgré les luttes internes et les divergences d’interprétation, un consensus s’établit autour de la nécessité de combattre l’exploitation capitaliste et d’éliminer les classes dominantes.
L’exportation de la Commune et la fin de la Troisième République[]
Dans les années 1890, des communards exilés ou d'anciens soldats des communes mettent en place des mouvements de propagation des idéaux socialistes. De nombreuses révoltes éclatent dans les villes sous domination de la Troisième République. En 1897, les Communes commencent à propager leur idéologie à l’échelle nationale. La révolte gagne les campagnes et les petites villes. En 1898, des soulèvements éclatent dans les régions comme Lille, Nantes, et Tours, transformant progressivement la France en un foyer de contestation généralisée.
Le Renversement de Versailles survient en 1899 : les luttes sociales et politiques atteignent leur apogée lorsque des soldats et ouvriers se soulèvent simultanément dans plusieurs régions, et la République tombe. Après l'effondrement du gouvernement de la Troisième République, la République Unie des Communes Françaises est proclamée à Paris, symbolisant la victoire du socialisme sur l'ancien ordre bourgeois.
La guerre civile : Blancs contre Rouges[]
Toutefois, cette victoire n'est pas sans conflit. Une guerre civile éclate entre les partisans des Communes (les Rouges) et les anciens partisans de la République (les Blancs). Ces derniers, rassemblés autour de Bordeaux, la dernière grande ville républicaine, mènent une lutte acharnée contre les forces de la Révolution sociale.
Les Rouges bénéficient du soutien de la classe ouvrière, des syndicats et des groupes révolutionnaires tandis que les Blancs tentent de mobiliser les derniers soutiens militaires et économiques. La guerre est longue et dévastatrice, mais en 1907, après une série de défaites militaires et l'isolement croissant de Bordeaux, les Blancs capitulent, et la dernière résistance républicaine est brisée.
L’émergence d’une nouvelle France : la République socialiste[]
Avec la victoire des Rouges, la République Unie des Communes Françaises est consolidée. La nouvelle république s’organise selon des principes socialistes stricts : le partage des ressources, la suppression des hiérarchies sociales et une économie planifiée. Le marxisme, défini par Marx et Engels, devient la base de l'enseignement, et l’idée d’une société sans classes est progressivement réalisée.
La fin du capitalisme et la mise en place d’un système de communes autonomes marquent la transformation radicale de la France. L’ancien modèle républicain disparaît dans les cendres des révoltes populaires, remplacé par une forme de socialisme autogéré, où les travailleurs sont non seulement maîtres de leurs moyens de production, mais aussi de leur destinée.
La France devient ainsi un phare pour les révolutions à venir en Europe et au-delà, un symbole de la victoire de la classe ouvrière sur les structures étatiques et bourgeoises, et la République unie des Communes Francaises devient le modèle de la lutte internationale.
L'Économie de la Confédération Socialiste des Communes[]
L'économie de la Confédération socialiste des Communes repose sur des principes marxistes et une organisation décentralisée basée sur les communes. Contrairement à une économie centralisée ou capitaliste, la Confédération adopte un modèle économique collectiviste, où la production et la distribution sont organisées de manière autonome au niveau local. Les principes d’autogestion et de partage des ressources sont au cœur de cette économie.
- Suppression de la monnaie : L’une des premières mesures prises par les Communes est l'abolition de la monnaie traditionnelle. L’objectif est de supprimer l'exploitation du travail par l'argent et d'éliminer les inégalités économiques qu’il génère. Au lieu de l'argent, des systèmes de crédit social et de troc sont mis en place. Les biens et services sont échangés sur la base des besoins de chacun, et les communautés fonctionnent sur des principes de solidarité. Des banques d'échange ou des comptes collectifs sont créées pour garantir que les biens de première nécessité (nourriture, logement, soins) soient accessibles à tous sans nécessité d'une monnaie.
- Autogestion et coopératives : Les travailleurs sont organisés en coopératives autogérées qui contrôlent les moyens de production. Dans des villes comme Paris, Lyon, et Saint-Étienne, les grandes industries sont nationalisées et mises sous la gestion directe des ouvriers. Ces coopératives prennent des décisions démocratiques collectives concernant la production, les prix, et la distribution des biens, selon les principes de l’égalité et de la justice sociale.
- Isolation économique et dépendance : L’isolement économique est l’une des caractéristiques majeures de la Confédération. Privée des grandes ressources financières de la France et confrontée à l’hostilité des puissances monarchiques européennes, la Confédération doit s’adapter à une économie d’autosuffisance. Les grandes villes comme Paris et Lyon développent des systèmes agricoles et industriels en circuit fermé. Toutefois, cet isolement a ses limites, et des tensions internes apparaissent parfois, notamment en raison du manque de certaines ressources. L’absence de monnaie rend également difficile le commerce international, bien que la Confédération fasse des efforts pour établir des échanges avec d'autres républiques socialistes à travers l’Europe et au-delà.
- Industrie et agriculture : L’industrialisation est un des principaux leviers économiques des Communes. Les industries lourdes comme l'acier, le textile, et la mécanique sont organisées en coopératives. L’agriculture est collectivisée dans de nombreuses régions rurales. Des kolkhozes ou des fermes collectives sont créés dans les campagnes pour garantir une production alimentaire suffisante à la population. Toutefois, l’organisation décentralisée entraîne parfois une gestion moins efficace que dans un système centralisé, avec des inégalités dans l’accès aux ressources agricoles et industrielles selon les régions.
Le Système Politique et Fédéral[]

Drapeau de la Commune de Paris
La Confédération socialiste des Communes est fondée sur un système politique fédéral, dans lequel chaque commune jouit d'une autonomie importante tout en respectant les principes du marxisme et de la solidarité. Ce système se base sur l’auto-organisation des masses et la gestion démocratique des affaires publiques.
- Structure fédérale : La Confédération est composée de nombreuses communes autonomes qui s'associent volontairement pour former une fédération. Chaque commune a une large autonomie dans la gestion locale, de l’économie à la politique en passant par l’éducation et la santé. Les décisions stratégiques et les grandes orientations sont décidées par une Assemblée fédérale, composée de délégués élus par les travailleurs de chaque commune. Ces délégués sont révocables à tout moment si leur mandat ne satisfait pas la population.
- Le Gouvernement des Communes : Contrairement à un État centralisé, la Confédération fonctionne selon un principe de décentralisation extrême. Les communes sont autogérées, mais l’Assemblée fédérale exerce un rôle coordonnateur pour les grandes politiques communes (éducation, sécurité sociale, défense, etc.). L’assemblée fédérale se réunit régulièrement pour coordonner les politiques économiques et sociales et débattre des enjeux majeurs. Elle élabore des lois et des réformes qui doivent ensuite être ratifiées par les communes. Cette organisation repose sur une démocratie directe et une participation populaire.
- Les Communes, unités politiques et sociales : Chaque commune est dirigée par une Assemblée populaire, composée des délégués des travailleurs, des syndicats, et des associations locales. Ces assemblées prennent des décisions concernant l’économie, l’éducation, la culture, et les relations extérieures. Ces décisions sont prises selon les principes de la démocratie directe et de la discussion collective. L’objectif est de garantir que chaque commune soit autonome tout en respectant l'unité idéologique de la Confédération. Les citoyens sont activement impliqués dans la gestion de la chose publique, via des conseils populaires, des comités de quartier et des assemblées générales régulières.
- Le rôle du Parti communiste : Bien qu’il n’y ait pas de Parti unique, l’influence des idées marxistes et des théories socialistes est omniprésente dans les décisions politiques. Le Parti des Communes (anciennement Parti des Communards) est une organisation politique qui diffuse les principes du marxisme et de l'autogestion, mais il ne détient pas de pouvoir absolu. Le rôle du Parti est plus de guider la réflexion idéologique et d’inspirer la politique des Communes plutôt que d’imposer une direction autoritaire.
La Société de la Confédération[]

Logo civil de la Confédération
La société dans la Confédération est marquée par une égalité sociale profonde, bien que la mise en pratique de cette égalité soit souvent difficile en raison de la diversité géographique et économique des communes.
- L’égalité des genres : L’un des grands acquis sociaux de la Confédération est la reconnaissance des femmes comme égales des hommes dans tous les domaines : le droit de vote, l’accès à l’éducation, à l’emploi et à la propriété. La société socialiste repose sur des principes d’égalité absolue entre les sexes, et des réformes sociales visent à briser les structures patriarcales traditionnelles. Les femmes jouent un rôle central dans la production, les administrations locales et dans les combats politiques.
- L’anticléricalisme : L’anticléricalisme est un principe fondamental de la Confédération. La religion est bannie de l’espace public, et les institutions religieuses sont dissoutes. L'éducation est entièrement laïque, et l’État promeut une forme de matérialisme scientifique et d’athéisme d'État. Les églises sont réquisitionnées et transformées en lieux de rencontre populaires, en écoles ou en ateliers de production.
- Culture et Éducation : L’éducation est gratuite et obligatoire, avec un accent sur l’éducation ouvrière et la formation politique. Le système éducatif est dirigé par des comités populaires, avec une formation basée sur les idées de Marx et Engels. La culture prolétarienne est mise en avant, et les arts sont encouragés tant qu'ils servent la révolution et les idéaux sociaux. Le contrôle de l’éducation est très décentralisé, chaque commune ayant une grande liberté d’organiser ses propres institutions.
L'Armée : La Brigade des Communards[]

Drapeau de la Brigade des Communards
Malgré les idéaux pacifistes et révolutionnaires de la Confédération, l'armée joue un rôle crucial dans la défense de la révolution et de l’indépendance des Communes face aux menaces externes, notamment l'hostilité de la Troisième République et des puissances monarchiques européennes.
- La Brigade des Communards : La Brigade des Communards est une unité militaire qui regroupe les volontaires des différentes communes. Bien que la Confédération soit fondée sur des principes pacifistes, la guerre permanente contre la République française et les pressions extérieures obligent la Confédération à maintenir une armée organisée. Cette brigade est composée de travailleurs et de militants révolutionnaires qui, bien que n’étant pas professionnels, sont entraînés pour défendre les idéaux de la révolution et protéger la Confédération contre toute agression.
- Défense populaire et milices locales : En dehors de la Brigade des Communards, chaque commune dispose de milices populaires qui sont chargées de maintenir l'ordre interne et de défendre les citoyens contre les ennemis de la révolution. Ces milices ne sont pas seulement destinées à l’armée, mais aussi à organiser des actions de soutien mutuel, de sécurité civile et de répression des ennemis intérieurs (contre-révolutionnaires, spéculateurs, etc.).
- Idéologie militaire : Bien que l’armée soit une nécessité pour la survie de la Confédération, elle reste sous contrôle strict des principes socialistes : démocratisation du commandement, non-hiérarchie militaire et gestion collective de la guerre. Les soldats sont élus par les membres de la commune et doivent rendre des comptes à ceux-ci. Les conflits sont toujours considérés comme une dernière option, et la diplomatie et l’idéalisme révolutionnaire sont toujours préférés pour résoudre les tensions internationales.