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Siad Barre

Siad Barre, président de la jeune République

Après un coup d'État militaire en 1969, Siad Barre prend le pouvoir en Somalie et instaure un régime socialiste, cherchant à faire de la Somalie une puissance régionale. Au lieu de se concentrer uniquement sur la politique intérieure, Siad Barre, soutenu par des idéaux communistes modérés, se lance dans une politique extérieure ambitieuse.

Il fait avancer un projet de République Démocratique Somalie (R.D.S.) en annexant les territoires de l'Ogaden, et peut-être en créant une union plus large avec des régions d'Afrique de l'Est qu'il considère comme « somaliennes ». Barre utilise la guerre pour renforcer son pouvoir interne tout en revendiquant des terres et des populations qu’il considère historiquement et culturellement somaliennes.

1. La Guerre d'Ogaden et la victoire somalienne (1977-1978)[]

Grande Somalie

Carte du plan de Grande Somalie envisagée avant la guerre

L'invasion du territoire de l'Ogaden par les forces somaliennes en 1977 prend une tournure décisive lorsque les troupes de la République Démocratique Somalie, sous le commandement de Siad Barre, remportent une victoire rapide contre l'armée éthiopienne. Les soutiens soviétiques à l’Éthiopie se font rapidement démentir après que des tensions de plus en plus fortes se développent entre l'URSS et le gouvernement de Mengistu Haile Mariam en Éthiopie, notamment en raison de la guerre civile qui déchire le pays.

Les Somalies s'approprient l’Ogaden, qui devient une partie intégrante de la Somalie Unifiée. Cette victoire est vécue comme une libération historique par les Somaliens, qui célèbrent l'expansion de leur territoire. Ce sentiment de fierté nationale est accentué par l'instauration de l'Union des Tributs Somaliens, un mouvement qui parvient à unir les différentes factions tribales du pays sous une bannière commune, dans le but de créer un État centralisé et solide.

La République Démocratique Unie de Somalie (RDUS) est proclamée et consolidée, et les Somalies fêtent leur victoire dans l’Ogaden avec des rassemblements à travers tout le pays, où Siad Barre se positionne comme le père fondateur d'une Somalie unifiée et socialiste. Les forces armées somaliennes sont célébrées comme le pilier de la nouvelle ère, et une politique de nationalisme ethnique (Grand Somalie) se met en place. Barre renforce son autorité en utilisant des symboles et des pratiques de l'unité tribale pour justifier son pouvoir absolu.

RDUS

Carte de la RDUS à sa plus grande expansion durant la guerre de la Corne d'Afrique 1983 à 1985

2. Expansion vers le Kenya et Djibouti (1981-1985)[]

Après la victoire dans l'Ogaden, Siad Barre, fort de son prestige et du soutien populaire qu'il a gagné par sa politique expansionniste, décide d'étendre davantage son pouvoir. Il lance une campagne contre le Kenya et le Djibouti, en considérant ces régions comme faisant partie de l’héritage historique somalien.

1981 : L'invasion du Kenya et de Djibouti

En 1981, le gouvernement somalien annonce une campagne militaire visant à « libérer » les territoires où vivent de nombreuses populations somaliennes au nord du Kenya et à Djibouti, qui ont été laissés à l'abandon sous les systèmes coloniaux. Cette expansion, en plus de ses racines ethniques, a des objectifs géopolitiques. Siad Barre, de plus en plus influencé par les idéaux communistes et nationalistes, justifie l'invasion par un désir de renforcer la sécurité de la Somalie et de libérer des Somaliens sous domination étrangère.

Les forces somaliennes envahissent rapidement le nord du Kenya, atteignant les villes frontalières comme Garissa et Moyale. À Djibouti, les troupes somaliennes font face à une résistance féroce, mais la France, qui maintient une présence militaire importante dans la région, hésite à intervenir immédiatement, craignant l'escalade avec les États-Unis et d’autres puissances occidentales.

En quelques mois, le nord du Kenya et le Djibouti tombent sous contrôle somalien. Les Somaliens organisent de grandes célébrations pour marquer la création de la « Grande Somalie », qui inclut désormais ces territoires annexés. Les habitants de ces régions sont intégrés dans des administrations somaliennes, et des réformes sociales et économiques sont entreprises, y compris la réorganisation de l’armée et l’extension du système éducatif.

3. Réactions internationales et tensions croissantes (1982-1983)[]

Les actions expansionnistes de la Somalie provoquent une réaction immédiate de la France et des États-Unis, deux puissances intéressées par la stabilité géopolitique dans la région de la Corne de l'Afrique. En 1982, les États-Unisfournissent un soutien militaire au Kenya et à Djibouti, tandis que la France commence à renforcer sa présence militaire à Djibouti pour contrer l’expansion somalienne. Cela conduit à des tensions croissantes entre la Somalie et ses voisins, particulièrement le Kenya, qui perd rapidement du terrain face à l'armée somalienne.

Les organisations internationales condamnent l'agression, mais la Somalie parvient à maintenir son autorité sur les territoires annexés grâce à une machine de guerre bien rodée, soutenue par la propagande nationale et la mobilisation des masses somaliennes autour de la figure de Siad Barre. Le régime somalien, de plus en plus nationaliste, parvient à maintenir une unité fragile au sein de la population, bien que des poches de résistance apparaissent, notamment parmi les populations non-somali dans les territoires occupés.

4. Contre-offensive éthiopienne (1983-1984)[]

Le régime éthiopien, sous Mengistu Haile Mariam, qui a vu une partie de son territoire perdre à la Somalie, décide de réagir. Le régime éthiopien, devenu de plus en plus dictatorial et répressif, prend des mesures pour reconstituer ses forces armées. L'Éthiopie, par ailleurs fragilisée par une guerre civile interne et une économie en crise, lance une contre-offensive en 1983, cherchant à récupérer l’Ogaden et à repousser les Somalis de l’Est de l’Éthiopie.

Le conflit s'intensifie alors. Les forces éthiopiennes, qui bénéficient d'un soutien indirect de l’URSS (malgré le refroidissement des relations avec la Somalie), mènent une série d’attaques contre les positions somaliennes. Les Somaliens, cependant, résistent grâce à leur forte unité tribale et à la propagande qui peint la guerre comme une lutte de survie pour leur identité.

5. La Guerre Totale et l’isolement diplomatique (1984-1985)[]

L’implication croissante des puissances étrangères et la guerre sur plusieurs fronts commencent à isoler la Somalie. En 1984, la Somalie devient diplomatiquement isolée. L’URSS commence à se retirer de son soutien, incitant Siad Barre à intensifier ses relations avec les pays du bloc de l’Est pour compenser. Cependant, la guerre avec l’Éthiopie et les incursions au Kenya et à Djibouti deviennent de plus en plus difficiles à maintenir.

Le régime de Siad Barre, malgré la célébration initiale de ses conquêtes, commence à vaciller sous la pression de l’invasion étrangère, des résistances internes et du coût de la guerre. Les clans somaliens, unifiés par l’idéologie nationaliste dans un premier temps, commencent à se diviser au fur et à mesure que les ressources du pays se raréfient.

6. L’Échec et la Chute de la Somalie (1985-1987)[]

En 1985, la France et les États-Unis lancent une offensive militaire conjointe pour repousser les forces somaliennes hors du Kenya et de Djibouti. Les attaques contre les bases somaliennes dans ces territoires conduisent à un désastre militaire pour la Somalie. Les forces somaliennes sont contraintes de se retirer sous la pression militaire, et Siad Barre perd peu à peu son pouvoir au fur et à mesure que la guerre s’étend et que le pays s’effondre.

Le retour à la guerre civile interne devient inévitable. Les clans somaliens qui avaient été unifiés par l’idéologie nationaliste se retournent les uns contre les autres, plongée dans un état de chaos permanent. Le gouvernement central somalien, déjà affaibli, s’effondre définitivement au milieu des années 1980.

7. Conclusion : Une Somalie dévastée[]

L'échec des ambitions expansionnistes de la Somalie, les tensions internes et l’interférence étrangère conduisent à un effondrement total du pays. La Somalie se retrouve de plus en plus fragmentée, avec une gouvernance centrale qui devient obsolète, et la guerre civile ravage le pays. L’Ogaden est restituée à l’Éthiopie, et la Somalie perd tout contrôle sur les territoires annexés (le nord du Kenya et Djibouti).

Le pays plonge dans un conflit interminable, bien plus dévastateur que ce qui a été vécu dans les années 1990, et l'État somalien devient une zone de non-droit où les milices, les guerres tribales et les acteurs étrangers se disputent le pouvoir, plongeant le pays dans une anarchie totale.

La Somalie moderne dans ce scénario est bien pire que celle que nous connaissons : un État dévasté, sans gouvernance effective, et plongé dans une guerre civile interminable, avec des populations déplacées massivement et des ressources épuisées.