La République des conseils de Slovaquie est un régime politique communiste qui émerge dans le contexte tumultueux de l'après-Première Guerre mondiale. Proclamée en 1919 sous l'égide de la République des conseils de Hongrie, la Slovaquie cherche à établir un bastion communiste dans la région. Antonín Janoušek, en tant que leader du Parti communiste slovaque, joue un rôle central dans l'orientation du pays, même si la République des conseils de Slovaquie demeure fortement dépendante de Budapest. Le régime introduit des réformes radicales, mais il fait rapidement face à une forte opposition nationale et à des conflits militaires, notamment avec l'armée tchécoslovaque, ainsi qu'à des révoltes internes. Malgré un soutien crucial de l'Union soviétique, la répression des mouvements nationalistes et les tensions croissantes continuent de miner sa stabilité, menant à une satellisation de la Slovaquie par la Hongrie. Finalement, en 1938, la République des conseils de Slovaquie est intégrée dans l'Union Populaire des Républiques de Hongrie et de Slovaquie, mettant fin à ses aspirations d'autonomie.
Histoire[]

Drapeau et emblème de la Hongrie bolchévique avant 1921
La République des conseils de Hongrie est proclamée en mars 1919 sous la direction de Béla Kun, en plein bouleversement révolutionnaire post-Première Guerre mondiale. Cherchant à étendre son influence, la Hongrie bolchévique soutient la proclamation de la République des conseils de Slovaquie peu après, dans le but d'établir un front commun communiste dans la région. Cette proclamation se heurte rapidement aux armées tchécoslovaques et aux nationalistes slovaques qui veulent empêcher les communistes de prendre plus de territoire et de les écraser. Cependant la distinction entre les républiques hongroise et slovaque est très floue et les deux entités se battent avec la même armée et sous le drapeau rouge. Bien que Prešov soit la capitale de la République des conseils de Slovaquie, c’est Budapest qui commande les armées.

Carte du début de la guerre (en rouge la Hongrie de Béla Kun, en rose la République des conseils de Slovaquie, en bleu les neutres yougoslaves, en marron l'avancée des Français et Roumains)
La Guerre Anticommuniste (1919-1920)[]
Rapidement, la Slovaquie bolchévique se trouve confrontée à une guerre anticommuniste. En juin 1919, des forces anticommunistes, soutenues par la France blanche et la Roumanie, lancent une offensive contre les communistes en Hongrie et en Slovaquie. La bataille de Košice, en août 1919, est un moment clé. Les forces hongroises, avec le soutien des Slovaques communistes, affrontent l'armée tchécoslovaque.
Malgré des pertes lourdes (environ 2 500 morts), les Hongrois réussissent temporairement à reprendre Košice. Cependant, cette victoire ne change pas le cours de la guerre, car les Tchécoslovaques continuent d'avancer.
Intervention Soviétique
Face à la situation désespérée, l'intervention soviétique devient cruciale. Les Soviétiques, sous la direction de Lénine, décident de soutenir le régime de Béla Kun en envoyant des renforts et des ressources. Cela permet aux forces communistes de stabiliser leur position et de consolider la République des conseils de Slovaquie contre les attaques tchécoslovaques.
Avec l'aide soviétique, les communistes parviennent à maintenir leur contrôle sur la Hongrie et la Slovaquie et à renforcer leur autorité, ce qui se traduira par la signature du Traité de Prague en 1920. La Slovaquie obtient le territoire de la Ruthénie subcarpatique et des territoires contrôlés par les Tchécoslovaques.
Consolidation du Régime et Réformes (1920-1930)[]

Antonín Janoušek, chef des communistes slovaques, harangue la foule pour l'effort de guerre, 1919
Sous la direction d'Antonín Janoušek, leader du Parti communiste slovaque, la Slovaquie adopte un modèle économique inspiré de la Hongrie, incluant la nationalisation des industries et l'expropriation des terres. Cependant, ces réformes provoquent des tensions avec les classes agricoles, qui se sentent marginalisées. La répression des mouvements nationalistes s'intensifie, et les manifestations pour une plus grande autonomie sont brutalement écrasées. Les leaders nationalistes, souvent arrêtés ou exécutés, alimentent un ressentiment croissant au sein de la population slovaque. Janoušek essaie de rendre son pays moins dépendant de Budapest mais les armées hongroises stationnées en Slovaquie et de nombreuses menaces l’obligent à mettre en place les réformes voulues par Kun.
Répression des Mouvements Nationalistes[]
Les aspirations nationalistes slovaques se heurtent à une répression systématique. Les manifestations pour une plus grande autonomie sont sévèrement écrasées, avec des leaders nationalistes souvent arrêtés ou exécutés. Cette répression crée un ressentiment croissant parmi la population slovaque.
La Révolte Slovaque (1932)
En 1932, le mécontentement atteint un paroxysme. Les nationalistes slovaques organisent des manifestations à Bratislava et dans d'autres villes, revendiquant une plus grande autonomie. La révolte est brutalement réprimée par Janoušek, qui déploie des forces de police et de l'armée. La loi martiale est déclarée et les armées hongroises viennent en renfort. Les affrontements entraînent de nombreux blessés et des arrestations, mais les aspirations d'indépendance persistent.
Les Années 30 : Purges et Collectivisation[]
La montée du nazisme en Allemagne exacerbe les tensions en Hongrie et en Slovaquie. À partir de 1935, le régime communiste intensifie ses purges, ciblant les opposants politiques et même des membres du Parti communiste jugés trop modérés. La collectivisation des terres entraîne des pénuries alimentaires et des révoltes rurales, renforçant le mécontentement parmi les paysans.
Relations Étrangères (1920-1938)
La République des conseils maintient des relations tendues avec ses voisins :
- Tchéquie : en Tchéquie, l’idée de la « Tchécoslovaquie » persiste toujours dans l’esprit de la population tchèque. Des tensions existent donc entre la Slovaquie et la Tchéquie.
- Pologne : La Pologne reste hostile aux communistes slovaques et les tensions sont grandes.
- Hongrie : La Slovaquie reste soumise à Budapest, ce qui renforce le ressentiment de la population.
- URSS : La Slovaquie est un allié de l’URSS mais sa politique vis-à-vis de cet allié est dicté par Budapest.
- France, Espagne, Allemagne, Union britannique : les pays sont des grands alliés mais l'URSS fait tout pour rapprocher la Hongrie et Slovaquie de sa sphère d'influence. Deux blocs communistes sont créés : le bloc Est avec l'URSS, la Mongolie et Tannou-Touva et le bloc Ouest, avec la Hongrie et Slovaquie et les autres nations socialistes européennes de l'Ouest.
Union avec la Hongrie[]
À partir des années 30, les idées d’une intégration plus poussée avec la Hongrie prennent forme. En 1936, les partis communistes de Hongrie et de Slovaquie unissent leurs forces pour former le Parti uni des communistes de Hongrie et de Slovaquie.
Proclamation de l'Union Populaire (1938)

Drapeau de l'UPRHS
En 1938, l’Union Populaire des Républiques de Hongrie et de Slovaquie est proclamée. Les Républiques des conseils de Hongrie et de Slovaquie disparaissent et Béla Kun devient le dirigeant de cette nouvelle entité, tandis qu’Antonín Janoušek, à cause de ses positions d’indépendance pour la Slovaquie, est écarté et exécuté pour "complot contre l'Union".