La Troisième République Espagnole, ou Espagne Populaire, est proclamée en 1931 après un soulèvement révolutionnaire mené par des socialistes et anarchistes, inspiré des révolutions prolétariennes en Europe. Ce nouveau régime, soutenu par la France communarde, instaure un système de gouvernance basé sur l’autogestion ouvrière et paysanne, avec des conseils populaires et une forte orientation socialiste. Toutefois, la république se heurte à une opposition farouche des monarchistes, des nationalistes et des fascistes, notamment avec l’ascension de Francisco Franco. La guerre civile qui s’ensuit, entre républicains et franquistes, plonge le pays dans une lutte dévastatrice, marquée par des tensions idéologiques et des divisions internes profondes.
L’Histoire de la République Espagnole (Troisième) : L'Espagne Populaire[]

Premier drapeau Espagne populaire tenu par les révoltés en 1920
À partir des années 1920, l’Espagne est secouée par une série de tensions sociales, politiques et économiques qui façonnent son parcours révolutionnaire. Inspirée par les révolutions prolétariennes en Europe, notamment en Russie et en France, l'Espagne devient un terrain fertile pour les idées socialistes, communistes, anarchistes et républicaines. Cependant, la montée des mouvements fascistes en Europe, avec des puissances comme l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni soutenant l'ordre capitaliste, renforce également les forces conservatrices en Espagne. À cette époque, le pays est un véritable champ de bataille idéologique, où se croisent révolution sociale et contre-révolution nationale.
Les Premières Étincelles : Les Révoltes Ouvrières de 1920[]
En 1920, l’Espagne est secouée par une série de révoltes ouvrières inspirées par les idées révolutionnaires qui traversent toute l’Europe, notamment après la Révolution d'Octobre en Russie. Les mouvements anarchistes et socialistes s’organisent dans les grandes villes, et notamment à Barcelone, où les ouvriers et les syndicats prennent de plus en plus de place dans la lutte contre les inégalités sociales et les politiques répressives du gouvernement espagnol. Les révoltes éclatent avec des grèves générales et des affrontements violents, bien que la répression de l’armée royale réduise temporairement la portée de ces soulèvements.
Dans ce contexte, l’influence de la révolution bolchévique et de la République des Conseils hongroise et plus particulièrement de la France commence à s'installer en Espagne, avec la naissance de nouvelles formes d'organisation socialiste, communes et conseils ouvriers. Des groupes d'anarchistes, de syndicalistes et de socialistes révolutionnaires commencent à se coordonner pour créer une alternative au système monarchique et autoritaire de l'époque.
La Seconde République Espagnole et la Réaction des Forces Conservatrices[]
En 1931, la Seconde République espagnole est proclamée après l'abdication du roi Alphonse XIII, qui fuit à l'étranger. L'espoir d'un changement démocratique et progressiste se profile, mais la transition se heurte rapidement à de profondes divisions sociales et politiques. La classe ouvrière, notamment les anarchistes et les socialistes révolutionnaires, se sent trahie par les compromis du nouveau régime républicain, qui ne va pas assez loin dans l'implémentation de réformes sociales et économiques profondes.
À partir de ce moment, l'armée socialiste et les ouvriers anarchistes décident de prendre le contrôle de plusieurs grandes villes espagnoles, comme Barcelone et Madrid. L’objectif est de faire aboutir un modèle révolutionnaire inspiré par les républiques socialistes en Europe, en particulier celle de la France communarde, mais aussi en suivant les principes de l’autogestion ouvrière et de la démocratie directe. C’est une tentative de renverser un gouvernement républicain jugé trop faible et trop conservateur.
Le Conflit de 1931 : Guerre Civile et Solidarité Internationale[]
En réaction à cette montée de la révolution socialiste, les forces monarchistes, républicaines modérées, ainsi que les nationalistes espagnols appelèrent à l’aide des grandes puissances capitalistes européennes, notamment la France et le Royaume-Uni, qui étaient inquiètes de l’expansion du socialisme ouvrier en Europe. Dans cette guerre civile naissante, le régime républicain espagnol se divise, et de nouveaux fronts se dessinent à travers le pays.
La France communarde, qui venait de renforcer son modèle socialiste fédéral après la guerre civile en France, choisit de soutenir les révolutions prolétariennes en Espagne. Le gouvernement français envoie des volontaires, notamment au sein de la Brigade des Communards, qui se joint aux anarchistes et socialistes espagnols pour lutter contre les forces conservatrices. Les communards partagent l’idéalisme de la révolution espagnole, désireux de créer une Espagne populaire qui s’alignerait sur leur modèle socialiste fédéré.
Cependant, l’alliance entre les socialistes et les anarchistes s'avère complexe. Des dissensions idéologiques éclatent entre les deux groupes, notamment sur la question de la centralisation du pouvoir et de la manière de structurer l'économie. Les anarchistes, prônant une gestion locale des ressources, s'opposent à l’implantation de structures étatiques plus centralisées que les socialistes souhaitent mettre en place. Cela conduit à des affrontements violents, notamment à Séville, où les forces communardes et l'Armée Populaire Espagnole massacrent les anarchistes, réduisant ainsi à néant l’expérience de la République anarchiste espagnole.
La Création de la Troisième République Espagnole (Espagne Populaire)[]
Malgré les violences et les divisions internes, la Troisième République espagnole est proclamée en 1932. Inspirée du modèle de la France communarde, cette nouvelle république se dote d'un système socialiste calqué sur celui des communes en France, mais aussi sur le modèle soviétique dans sa dimension étatique et son organisation de la production. L'Espagne populaire devient une république socialiste centralisée, mais avec un fort accent sur l’autogestion ouvrière et l’égalitarisme social.
L’Espagne populaire se distingue de l'URSS par sa volonté d'éviter un contrôle totalitaire strict, inspirée de l'exemple des communes françaises. Toutefois, la situation reste fragile. Le pays est profondément divisé, les nationalistes dirigés par Francisco Franco se battent pour imposer leur dictature, tandis que les républicains socialistes tentent de maintenir l'ordre révolutionnaire. L'Espagne choisit rapidement le bloc ouest proche des communistes internationaux. L'Espagne rejoint les organisations internationales contre fascisme contre l'Internationale contre le nazisme.

Drapeau de l'Armée populaire espagnole
La Guerre Civile : Lutte entre l'État Espagnol et la République Populaire[]
Les tensions débouchent rapidement sur une nouvelle guerre civile, cette fois plus marquée par un affrontement idéologique entre le socialisme révolutionnaire incarné par la Troisième République espagnole et le nationalisme fasciste du général Franco. Ce dernier proclame l’État espagnol en 1934, une dictature fasciste qui rejette tout projet de république démocratique ou socialiste. Franco bénéficie du soutien de puissances fascistes comme l'Italie de Mussolini et l’Allemagne nazie d’Hitler.
Malgré plusieurs batailles, aucune victoire décisive ne semble se dessiner. L’Espagne devient un champ de bataille qui reflète l’affrontement entre fascisme et socialisme en Europe. Alors que Franco peine à avancer, la République espagnole, bien que profondément affaiblie par les divisions internes et l’absence de soutien international significatif, parvient à conserver un certain équilibre. Une frontière se forme lentement mais sûrement entre les deux camps : d’un côté, l’État espagnol fasciste, et de l'autre, la République populaire espagnole qui poursuit sa lutte pour instaurer une révolution ouvrière et socialiste.

Carte de l'Espagne en 1939 : la République en bleu et en rose l'Etat espagnol