Le Maroc, devenu un Empire Chérifien après la Guerre des Sables en 1962, est aujourd'hui une puissance dominante du Maghreb, étendant ses frontières sur le Sahara occidental, la Mauritanie, et l'Algérie. Sous le règne de Mohammed VI, l'Empire tente de maintenir une stabilité fragile, nourrie par un partenariat stratégique avec la France et une répression continue des mouvements indépendantistes. Toutefois, le royaume fait face à des tensions internes croissantes, alors que les révoltes populaires et les résistances sahraouies menacent de redessiner son avenir.
Histoire[]
L'Empire Chérifien et la Guerre des Sables : L'Aube d'un Nouveau Maghreb

Projet du Grand Maroc, carte
En 1962, après des décennies de colonisation et d'oppression, l'Algérie obtient son indépendance vis-à-vis de la France, un acte historique salué par de nombreux peuples dans le monde entier. Mais, loin des réjouissances générales, une ombre s'étend sur le Maghreb. Le Maroc, profitant de la faiblesse relative de son voisin, décide de ressusciter un rêve ancien, celui d’un « Grand Maroc » englobant des territoires bien au-delà de ses frontières actuelles. Cette vision, héritée des anciennes dynasties chérifiennes, envisageait un empire marocain s'étendant sur le Sahara occidental, la Mauritanie, le Sahara espagnol et certaines régions algériennes occidentales.
Ainsi commence la Guerre des Sables, un conflit brutal et décisif qui allait redéfinir la carte politique du Maghreb.
L'attaque sur l'Algérie : une guerre fulgurante[]
Le 5 juillet 1962, tandis que l'Algérie fête son indépendance, le Maroc attaque les régions occidentales de l'Algérie, désireux de s'emparer de territoires qu'il considère comme historiquement siens, notamment la région de Béchar et du Tindouf. Le gouvernement algérien, encore jeune et fragile, est pris de court. Le Front de Libération Nationale (FLN), alors en pleine transition, peine à organiser une défense efficace face à une offensive marocaine déterminée.
Les forces marocaines, bien équipées et stratégiquement positionnées, progressent rapidement. À Béchar, en octobre 1962, une bataille décisive marque un tournant : la ville tombe entre les mains de l'armée marocaine. Les résistances du FLN sont insuffisantes face à la pression marocaine et au soutien limité des pays communistes, qui fournissent certes des armes, mais n’interviennent pas de manière décisive. Le Maroc, bénéficiant de l'avantage stratégique et militaire, remporte la guerre en décembre 1962.
Un traité inégal est imposé à l'Algérie. Le Maroc obtient les territoires occidentaux de l’Algérie, ainsi que la région de Tindouf et de Béchar, marquant ainsi le début de la formation d’un nouvel Empire chérifien. En retour, l'Algérie sombre dans une guerre civile sanglante, opposant les partisans du FLN aux groupes djihadistes et socialistes arabes.
L'influence de la France : un retour en Algérie[]
Profitant du chaos algérien, la France, qui avait longtemps perdu son ancienne colonie, n'hésite pas à revenir dans la région. L'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), groupe armé de l'extrême droite française, devient rapidement un acteur influent. En février 1963, l'armée française reprend Oran, marquant un retour militaire français sur le sol algérien. En août 1964, après un an de conflits internes, les Français prennent Alger, puis en octobre, Constantine tombe également sous leur contrôle. Le gouvernement algérien s'exile à Biskra, mais la situation devient de plus en plus chaotique.
Le Sahara Espagnol : la conquête marocaine[]
En 1964, alors que l'Algérie est en pleine décomposition, le Maroc décide de lancer une nouvelle offensive, cette fois-ci pour prendre le Sahara espagnol, une région riche en ressources naturelles. L'Espagne, sous la dictature de Franco, se trouve dans une position délicate : son économie est en déclin et son armée est mal préparée à une guerre prolongée. Le Maroc, profitant de la faiblesse espagnole et des révoltes des indépendantistes sahraouis soutenus par le FLN, lance une offensive militaire dans la région.
Le Maroc conquiert rapidement plusieurs villes clés, mais l'Espagne, avec l'appui du Portugal, tente de s’opposer. Cependant, l’Espagne, prise dans ses propres difficultés économiques et politiques, ne parvient pas à tenir face à l’impérialisme marocain. En mars 1965, l'Espagne se retire finalement du Sahara espagnol, ne pouvant plus résister aux incursions marocaines. Le mois suivant, en avril 1965, le Maroc prend Laâyoune et déclare la victoire sur les rebelles sahraouis, écrasant le Front Polisario.
L'Expansion du Maroc : vers la Mauritanie et le Mali[]

Drapeau de la Mauritanie
Avec le Sahara sous son contrôle, le Maroc ne s'arrête pas là. La Mauritanie, nouvellement indépendante, se sent menacée par l'expansion marocaine. De plus, le Mali, dont certaines régions étaient revendiquées par le Maroc, se trouve sur le point de devenir un nouvel enjeu stratégique. En janvier 1966, l'Empire chérifien décide d'envahir la Mauritanie, et le Maroc se prépare à une nouvelle phase de son projet expansionniste.
La Mauritanie, fragile et peu préparée à une guerre totale, cherche l’aide de la France, qui, bien que prête à soutenir ses anciens alliés, reste prudente. Cependant, l’armée marocaine, avec ses forces bien entraînées et équipées, écrase rapidement les défenses mauritaniennes. Le Maroc occupe Nouakchott en juin 1967, et en septembre de la même année, après des mois de combats intenses, la Mauritanie est entièrement sous contrôle marocain. Le gouvernement mauritanien fuit au Mali.

Photographie de l'armée malienne et mauritanienne conjointe lors de la Guerre du Maghreb
Le Mali, déjà pris dans les feux de la guerre civile, lutte pour défendre son territoire contre l’agression marocaine. Cependant, le soutien français à la Mauritanie est limité, et le Maroc, avec ses armées massées dans le Sahara, avance inexorablement. Le 9 janvier 1967, à Taoudenni, les forces marocaines écrasent l’armée malienne dans une bataille décisive. Le Mali, épuisé, abandonne les territoires contestés.
La fin de la guerre et la victoire du Maroc[]
Après plusieurs années de guerre et de tensions, le Maghreb est redessiné par la victoire du Maroc. En novembre 1967, après une série de batailles acharnées dans le Sahara, le Maroc parvient à instaurer un contrôle total sur les anciens territoires algériens, la Mauritanie, le Sahara espagnol et le Mali. La France, désormais alliée stratégique du Maroc, joue un rôle clé dans la gestion de la nouvelle situation, consolidant son influence sur une région désormais dominée par l'Empire chérifien.
L'Algérie, devenue une province française, perd son identité nationale. La guerre civile entre les anciens partisans du FLN et les islamistes divise le pays, dont les régions ne parviennent pas à retrouver une stabilité. Le Mali, gravement affaibli, tombe dans une série de guerres civiles et de révoltes internes.
L'Empire Chérifien : un nouveau Maghreb[]
Le Grand Maroc, ou Empire Chérifien, est ainsi constitué, avec une capitale renforcée à Rabat et des frontières qui s’étendent jusqu’aux déserts du Sahara. Le pays est désormais l'une des plus grandes puissances du continent africain, et son influence s’étend sur une grande partie du Maghreb. L'Algérie, désormais une colonie française, se retrouve sous l'ombre de l'ancien oppresseur, tandis que le Mali et la Mauritanie sombrent dans l'instabilité et la guerre civile.
L’Empire Chérifien, tout en réclamant la légitimité de son expansion historique, entre dans une nouvelle ère où le royaume du Maroc, sous la houlette de sa dynastie chérifienne, semble avoir réalisé un rêve vieux de plusieurs siècles. Mais cette victoire ne marque pas la fin des luttes dans la région. En effet, alors que le Maroc et la France s’entendent sur le contrôle du Maghreb, d'autres forces, internes et externes, continueront de nourrir les flammes de l’instabilité et des révoltes dans les années à venir.
Les premières années de l'Empire Chérifien : 1967-1977[]
Avec la victoire de 1967, le Maroc s'affirme comme une puissance régionale dominante. Hassan II, le roi chérifien, renforce son pouvoir et instaure une politique d’unification et de modernisation du pays. Les premières années sont difficiles : le royaume doit gérer les répercussions de la guerre, reconstruire les territoires conquis et maintenir une cohésion nationale, notamment entre les différentes régions du Maroc et les populations des territoires récemment annexés.
Le royaume adopte une politique de répression des révoltes indépendantistes, notamment dans les zones nouvellement intégrées comme le Sahara occidental, la Mauritanie et certaines régions maliennes. Bien que le Maroc essaie de stabiliser ses nouvelles possessions en instaurant des politiques de développement, les tensions restent vives, en particulier dans les zones sahariennes où des mouvements indépendantistes, comme le Front Polisario, continuent de revendiquer l’indépendance.
Les autorités marocaines, soutenues par la France, répriment ces révoltes de manière brutale. Les habitants des anciennes colonies françaises et des territoires annexés subissent une oppression systématique. Le Sahara, riche en ressources naturelles, devient un centre névralgique pour l’économie marocaine, mais il reste un point de friction majeur. Le Sahara occidental, bien que dominé par le Maroc, voit régulièrement des révoltes de la population sahraouie, et des affrontements avec des groupes indépendantistes se poursuivent.
Les années 1980 : Une croissance économique et un partenariat avec la France[]
Les années 1980 marquent une période de relative stabilité pour le Maroc. Grâce à un partenariat stratégique avec la France, ancienne puissance coloniale, le royaume connaît un essor économique remarquable. La France, qui contrôle toujours l'Algérie française et les bases militaires de l'extrême Maghreb, devient le principal partenaire économique et commercial du Maroc. Le commerce entre les deux pays est florissant, et le Maroc exporte de nombreuses matières premières, dont les phosphates, le pétrole du Sahara et le sel. La France, pour sa part, fournit une grande partie des technologies et du savoir-faire nécessaires au développement industriel du Maroc.
Le royaume bénéficie également d'une forte aide financière et militaire de la France, qui continue de maintenir une forte présence dans la région. Le commerce et les échanges entre Algérie française et le Maroc impérial deviennent essentiels, notamment dans les domaines du pétrole, de l'armement et des infrastructures. La politique de Paris, favorable à l’Empire Chérifien, sert également à contrer toute forme de radicalisme dans la région et à limiter l'influence soviétique, qui tente de s’infiltrer par le biais de ses alliés algériens.
Cependant, cette alliance n’est pas sans nuages. L’Empire Chérifien est toujours perçu par certains comme un régime oppressif, et des révoltes populaires commencent à émerger dans les années 1980. Le mouvement démocratique prend de l'ampleur dans certaines régions du Maroc, particulièrement dans les grandes villes comme Rabat, Casablanca et Marrakech, où les jeunes de la classe moyenne se révoltent contre la répression et l'injustice sociale. Malgré les tentatives de réforme économique, la corruption reste un problème majeur, et les inégalités sociales s'aggravent.
Les années 1990 : L’émergence des révoltes indépendantistes et la fin de Hassan II[]

Le roi Hassan II
Le début des années 1990 marque une période de grands bouleversements pour l'Empire Chérifien. Le régime autoritaire de Hassan II commence à montrer des signes de faiblesse, notamment à cause des pressions internes et des contestations croissantes. Les mouvements indépendantistes sahraouis, mauritaniens et maliens renaissent avec plus de force, alimentés par l’insatisfaction populaire et la quête d'autonomie dans les anciennes colonies annexées. Dans le Sahara occidental, de plus en plus de jeunes Sahraouis se rallient au Front Polisario, qui bénéficie du soutien discret de certains pays arabes et d’organisations internationales.
Loin de se laisser intimider, Hassan II durcit le ton, ordonnant une répression encore plus violente des révoltes. Le "Mouvement du 20 Février", inspiré par les vagues de révoltes arabes ailleurs dans le monde, émerge au Maroc. Ce mouvement, qui revendique une plus grande démocratie, se propage dans les grandes villes, et des manifestations de masse secouent le pays.
En 1999, après des années de règne autoritaire et de tensions internes, Hassan II meurt, et son fils Mohammed VIaccède au trône. Ce dernier, bien que conservateur dans son approche, lance un certain nombre de réformes pour moderniser l'image du royaume et apaiser les tensions sociales. Cependant, les révoltes indépendantistes dans le Sahara et dans les autres régions annexées continuent.
Les années 2000-2010 : Réformes limitées et tensions persistantes[]
Sous le règne de Mohammed VI, le Maroc initie des réformes économiques et sociales pour tenter d'ouvrir davantage son système politique et apaiser les tensions internes. Cependant, ces réformes demeurent insuffisantes et souvent trop lentes pour répondre aux attentes de la population, en particulier dans les anciennes régions annexées.
Le Sahara occidental reste un foyer de résistance, avec des mouvements indépendantistes qui continuent de mener des guérillas contre l'occupation marocaine. Des révoltes populaires se multiplient, et bien que le Maroc fasse tout pour renforcer son contrôle militaire et politique, il peine à réprimer l’ensemble des révoltes, malgré l'aide constante de la France. Le pétrole et les minerais du Sahara continuent de jouer un rôle clé dans l'économie marocaine, mais cette richesse est largement concentrée dans les mains de l’élite dirigeante, alimentant davantage le mécontentement.
En parallèle, la France continue de jouer un rôle crucial dans le soutien au Maroc, avec des investissements dans les infrastructures, le secteur militaire et le secteur énergétique. Cependant, les tensions sont palpables : la France, tout en soutenant le Maroc, est de plus en plus critiquée par la communauté internationale pour son implication dans la répression des peuples sahraouis et mauritaniens.
Les années 2020 : Vers une montée de l'instabilité et un partenariat en question[]
En 2020, l’Empire Chérifien, tout en étant une grande puissance régionale, fait face à des défis de plus en plus complexes. Le Sahara occidental et encore plus la Mauritanie est toujours un champ de bataille pour les indépendantistes, qui bénéficient désormais de l’appui de nouvelles puissances mondiales cherchant à nuire à l'influence marocaine, tout en ayant des bases diplomatiques croissantes.
Le Maroc, malgré ses ressources naturelles et son rôle clé dans la région, commence à se fragiliser sous la pression des révoltes internes, des réseaux indépendantistes et de la montée des mouvements islamistes radicaux. La France, bien qu’alliée historique, commence à remettre en question certaines de ses alliances, en raison des critiques internationales croissantes sur sa politique en Afrique du Nord.
Le Maroc vit dans une situation complexe, à la fois puissant et fragile. Les révoltes indépendantistes, les tensions économiques et les relations avec la France, qui semblent de plus en plus ambiguës, indiquent que l’Empire Chérifien, bien que dominant aujourd'hui, pourrait être à un tournant de son histoire.
Le Maroc, dans cette uchronie, reste un empire impérial, soutenu par une puissance coloniale de plus en plus en retrait, mais il est clair que son avenir sera marqué par une lutte constante pour maintenir son unité, ses frontières et sa domination sur un Maghreb fracturé.